Au début, l’idée de faucher le bord des routes partait d’une bonne intention : donner une meilleure visibilité aux panneaux de signalisation et éviter les incendies de forêt dans les zones à risque. Or, cette bande de nature le long des routes est d’une grande importance pour la biodiversité et reste souvent l’unique refuge de quantité d’espèces animales et végétales. Mais l’utilisation généralisée des épareuses a rendu la tâche si facile que le zèle imbécile des agents de voirie au volant de leur joujou a pu s’exprimer pleinement. Le désolant résultat est là, les bords de route sont souvent ridiculement rasés jusqu’à la limite des champs cultivés, offrant un spectacle affligeant de pauvreté.
Il n’existe apparemment pas de texte de loi régissant le fauchage en bord de route, laissé à la libre appréciation des acteurs concernés, communes et DDE.
Pourtant il existe une solution que l’on appelle le « fauchage raisonné », avec des règles simples à comprendre et à appliquer, ayant l’avantage d’améliorer la sécurité routière, et, en même temps, d’économiser l’argent public et de minimiser l’impact négatif sur la biodiversité.
Tous ces objectifs et enjeux sont résumés dans une excellente plaquette d’information du Sétra (service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements) dont voici un bref résumé dans l’encadré ci-dessous. (1)
LES CONTRAINTES DES BORDS DE ROUTES
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Beaucoup de professionnels du secteur sont convaincus du bien-fondé du « fauchage raisonné » mais les obstacles pour son application sont dûs en grande partie à la méconnaissance de la population de l’impact du fauchage sur l’environnement.
Pour beaucoup de gens, un travail bien fait, c’est un travail qui se voit. Ils n’hésitent pas à faire pression sur les différents organismes chargés de l’entretien des bords de route pour demander plus de PROPRETE.
en rapport avec l’accoroutage
Voici en témoignage un échange de mail avec le CETE (Centre d’Études Techniques de l’Équipement) Normandie Centre
en rapport avec l’accoroutage
>QUESTION |
Bonjour,
en lisant une revue sur les « corridors écologiques », je suis tombé sur ce passage vous concernant et j’avoue ne pas avoir compris grand chose. le CETE Normandie Centre,s’inscrivant dans la Stratégie Nationale pour la Biodiversité, a engagé une étude prospective sur la fragmentation des habitats par les infrastructures de transport en Basse-Normandie. Dans le but de protéger les espèces et d’améliorer la sécurité des usagers de la route, il propose de mettre en place un système d’analyse synthétique du fonctionnement paysager permettant de comprendre les enjeux naturels et de planifier des actions coordonnées.
J’ai été sur votre site et je n’ai pas plus compris, ça ressemble beaucoup à du bla bla alors qu’il me semble qu’il y a concrètement beaucoup de choses à faire. A commencer par arrêter la folie des Epareuses Debroussailleuses qui souvent rasent tout sur plusieurs mètres sur le bord des routes empêchant ainsi la reproduction d’espèces végétales et animales et offrant à la vue de l’automobiliste un paysage désolant de pauvreté. dans l’attente d’une réponse cordialement |
>REPONSE |
Monsieur,Nous vous remercions de votre message du 2 octobre dernier.Notre service travaille sur les trames vertes et trames bleues, telles que prescrites par le Grenelle de l’environnement et nous nous ferons un plaisir de répondre à des questions de compréhension sur les points particuliers qui retiennent votre attention.
Notre service travaille aussi en contact avec les fabricants de matériels d’entretien routier et les services de l’Etat et des collectivités gestionnaires des routes, afin d’améliorer les pratiques de fauchage et d’élagage des dépendances routières http://www.preventforschools.org/sha/acheter-kamagra-pas-cher.html. Ces pratiques ont bien évolué pour le fauchage des accotements dans le sens de la préservation de la biodiversité même si elle ne sont pas encore généralisées. Vous avez raison de souligner que des progrès restent à faire mais la prise de conscience doit être collective: les gestionnaires reçoivent aussi des courriers de mécontentement d’usagers ou de riverains qui voudraient des coupes régulières et rases. Nous espérons que ces quelques éléments répondent à votre légitime interrogation et nous vous invitons à visiter régulièrement notre site internet qui présente l’ensemble de nos activités. Veuillez agréer, Monsieur, nos sincères salutations. |
L’enjeu économique et écologique est loin d’être ridicule, et devrait à mon humble avis de citoyen devenir une priorité nationale.
En effet, les bords de route représentent environ 3400 km2, soit à peu près la surface des parc nationaux (3).
Une estimation du surcoût dû à la fauche abusive pour l’entretien des bas-côtés des route réalisé par Daniel MATHIEU (3) (4) est édifiante à ce sujet, même si ces estimations sont purement théoriques et en tenant compte d’une grande marge d’erreur.
En moyenne 1 à 2 m de largeur de coupe pourraient être épargnés.
Ce coût est connu du CETE (Centre d’Études Techniques de l’Équipement).
D’après les données du CETE, ce coût est de l’ordre de 0,15 F par m2.(2002)
Pour 1 million de Km de routes et pour les 2 côtés, avec 2 m de fauchage excédentaires
par chaussée nous totalisons ainsi 4 milliards de m2 (!) rasés inutilement
et 600 Millions de francs (environ 1 millions d’euro) par an de dépenses inutiles.
En résumé
Dans « Fauchage raisonné » il y a « fauchage » mais il y a aussi « raisonné »,
c’est sur deuxième terme qu’il y a encore beaucoup de travail à accomplir.
Nous devons « raisonner » une grande partie de la population pour qui un bord de route bien entretenu doit ressembler
à « un green de golf », « raisonner » également les intervenants sur les répercutions de leur travail sur la biodiversité .
Pour cet article j’ai essayé d’être le plus clair possible même si parfois l’information présente sur internet ne l’est pas toujours.
Si vous souhaitez réagir ou apporter des informations complémentaire ne vous génez surtout pas,
cet article est la pour cerner au mieux les enjeux de l’accoroutage.
Un combat pour les don quichotte du XXIè siécle !
(On voit bien en arrière-plan les ravages du fauchage non raisonné…)
(1) Fauché mieux, le fauchage raisonné (pdf) : note d’information du Sétra
(2) Influence du développement durable sur l’entretien des espaces verts, des routes et de la voirie (pdf) : il s’agit d’un rapport listant tous les avantages d’une coupe haute tant économique qu’environnemental. Le plus surprenant c’est qu’il est rédigé par Christophe Bachmann patron de la société NOREMAT (constructeur de matériels d’entretien des accotements routiers des espaces verts)
(3) La gestion différenciée des bords de route (pdf)(version html) : document à lire absolument pour comprendre pourquoi on en est arrivé là.
(4) Entretien des abords routiers – MATHIEU Daniel – Décembre 2002 (html) : le calcul en question est en fin de page et il date de 2002.
(5) Où l’épareuse passe, le talus trépasse… (html)
A voir aussi :
bouriane verte : un bel exemple d’utilisation abusive d’une épareuse
http://www.campagnesetenvironnement.fr : proposition d’un protocole pour la gestion responsable des bords de routes et permettre de sauvegarder les insectes butineurs.
Ca bouge au niveau des Conseils généraux :
Conseil général de l’Orne : Pour un fauchage raisonné dans l’Orne (pdf) : vous êtes invité à vérifier si cela est appliqué ou pas et à faire pression ci n’est pas les cas, les adorateurs de green de golf ne se gènent pas.
Conseil général de Loire Atlantique (html) : même vigilance que pour l’Orne
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